Le Cap Nord lors du soleil de minuit

1 rêve, 5 000km, 7 pays, 45j d'aventures.
5 000
km
7
pays
150
km par jours de moyenne
45
jours 

Après des mois à avoir imaginé et préparé ce projet, me voilà sur la route. Nous sommes le 21 mai lorsque je claque la porte de chez moi. A ce moment, la réussite de ce projet n'est qu'un grand flou. Je pars uniquement avec mon matériel pour être autonome (tente, matelas, duvet, réchaud etc ...) ainsi qu'un itinéraire que je vais suivre. Je n'ai pas planifié d'étapes précises. 

Même s'il s'agit de mon premier "gros" projet d'aventure, je sais que tout ne va pas se passer comme prévu et surtout que je vais devoir gérer ces moments là. Vais-je réussir ? Je n'en sais rien mais j'y vais !! Et c'est bien ça, le premier pas vers la réussite.

La première partie de mon aventure me mènera jusqu'au Danemark, où j'ai pris le ferry pour rejoindre la Norvège et sa capitale, Oslo. Pendant ces 15 j à travers la France, la Suisse, l'Allemagne et le Danemark, j'ai vécu de formidables moments. J'avais pour objectif de partir tranquillement en terme de KM par jour. Environ 130. J'ai eu la chance de vivre l'aventure comme je la définirais. Des moments difficiles de doutes, mais surtout des magnifiques rencontres. J'ai eu la chance de me faire héberger plusieurs fois chez l'habitant. 

Le dépaysement des pays scandinaves

Il est temps de rallier les pays scandinaves ! Après une nuit passée sur le ferry, je débarque à Oslo, où je prendrais un jour de repos pour visiter. Je ne le sais pas encore mais ça sera mon 2ième et dernier jour de repos jusqu'au Cap Nord. 

Les paysages sont magnifiques et je me retrouve exactement dans l'ambiance que je m'étais imaginée : la solitude, des  paysages magnifiques, sauvages et apaisants. Après 2 semaines, j'ai l'impression de faire partie de la route. Je suis dans mon élément, j'ai mué. Les seules choses qui comptent sont : trouver à manger, trouver à boire, pédaler et dormir. C'est tout. 

La 3ième semaine de mon aventure marque un tournant sportif. Je sais à présent que j'irai atteindre mon objectif. Dans les délais, je ne sais pas, mais rien ne pourra m'arrêter. Je peux être ralenti mais pas arrêté, à présent j'en étais sûr.  Même la pluie quotidienne ne me fait plus rien. Je décide donc d'augmenter les distances, puisque tous les signaux sont au vert. Rapidement j'atteins les 200km par jour. Plus ça va, plus je me permets d'enchainer. 
Pour ceux qui ne l'ont jamais expérimenté, les journées passent très très vite. 10 heures de vélo sans compter les pauses ... heureusement, à présent, le jour ne me quitte plus.


Je dors un peu partout. camping, cabane en libre accès, chez l'habitant ou en camping sauvage. (Le camping sauvage est autorisé de partout là haut). Les rencontres faites resteront à jamais. 1 an après, je suis toujours en contact avec les gens rencontrés sur ma route. L'isolement (la Norvège a une densité de population de 14 habitants par KM²) et la difficulté des conditions (le 15 juin, il faisait 3 degrés et il y a de la neige un peu partout) font que les rencontres ont une saveur particulière même si j'apprécie me retrouver seul dans cette région du Grand Nord. 


Les jours passent, rythmés aux coups de pédales, barres chocolat et autres friandises. Depuis quelques jours, je ne regarde plus la carte puisqu'ici, il n'y à qu'une seule route. Lorsque j'arrive à mon avant dernière étape avant mon arrivée, je me retrouve sur Google Maps, et pour la première fois depuis plusieurs jours voir semaine, je regarde ma position par rapport à ma maison. Je suis très surpris, dans le bon sens, d'être aussi loin de chez moi. Mon objectif est très proche. Ca sent bon ! Plus que 130km !!

Après 29 jours, je suis au point le plus au Nord de l'Europe !! 

J'ai donc réussi. C'est fou. Je ne réalise pas. Lors de mon arrivée, j'écrirais : 

J29 :
Je pars du camping. Ça se passe bien jusqu'à 1h de l'après-midi et 80 bornes effectuées. Après ça énormément de vent de face. J'avance sur du plat à la même vitesse qu'une bonne côte sans vent. 🥵

Je mange un bout et je me balance dans ces 30 derniers km.
Je vois les panneaux, le Cap Nord se rapproche, pourtant j'ai l'impression que je suis dans ma routine. Pédaler pour avancer. Avancer vers mon objectif. Sauf que là il est à quelques dizaines de km.
Ça monte fort. 9% de moyenne sur 6km rien que sur la première partie. Depuis le départ le 21 mai, je contrôle ma fréquence cardiaque, pour pas que le cœur s'emballe et créé trop de fatigue. Mais là impossible. Les pulsations montent autant que la pente. Le vent est très soutenu. Je suis obligé de piloter à la montée. Quand je regarde les motards, tous assis à califourchon, la moto inclinée pour contrer le vent, je me vois dans un miroir. Je fais la même chose. C'est dire la force du vent. Dès qu'un camping-car me double, ça fait des turbulences, je fais des écarts conséquents sur la chaussée. Pourtant je m'emploie pour garder le Cap ... 🧭

J'oublie que c'est juste là, rien qu'en voyant les paysages lors de la montée. C'est magnifique. On se croirait dans un film mais en vrai. Après quelques passages vallonnés, j'attaque sans le savoir le dernier pétard de la montée. Je sais que ça approche ... Encore quelques coups de pédales. J'y suis. D'un coup, tout s'arrête. Littéralement, je suis seul au monde malgré les gens autour. 🚌

Je ne vais pas directement au globe. Je suis là à quelques centaines de m, bouche bée. Je contemple la chose. Pendant 4,5 minutes.⏳

A ce moment tout se mélange. Évidemment je me dis que je l'ai fait, je serre le poing et en même temps une part de moi ne réalise pas. Curieuses sensations. J'ai des frissons. Je suis très silencieux, probablement le sourire aux lèvres. 🌐

Je décide d'aller à la rencontre de ce fameux globe. Première approche, trop de monde. Je traîne sur secteur. Des gens se rapprochent de mon vélo, qui est posé là, prennent des photos avec. Comme si c'était lui qui les avait amenés là. Pour rigoler, je leur demande si c'était difficile, car ça a toujours été mon rêve ... 😂
De là, j'en prends plein la gueule. Ce n'est que le début. Beaucoup de monde vient me parler. Depuis quand je suis parti, où, tout le long vraiment ? ...
Tous me félicitent. Moi qui pensais venir prendre ma photo en toute discrétion, je me retrouve à répondre à plein de questions. Presque je suis gêné. Je ne réalise pas. Je reste là de longues minutes malgré le vent qui nous gèle.
Je tiens ma photo sans personne dessus. Je file au resto. La bière est bonne. Je recroise des français motards que j'ai croisés quelques jours plus tôt. Il me félicite car même pour eux le vent était terrible. Je mange, face au globe. Je regarde au loin et me dis que c'est impossible d'aller plus au nord à vélo en Europe. Wow, okey Quent tu l'as fait alors ! 🚴


Je fais mon petit post Instagram, j'envoie un message à tous les gens croisés sur ma route pour les remercier d'avoir fait partie de mon aventure. 🙏

Je file monter ma tente, non sans mal avec tout ce vent. J'allume mon tél. J'en prends une nouvelle fois plein la gueule. Je n'étais vraiment pas prêt à ça. Tous vos messages, commentaires et autres messages vocaux. Ça me fout la larme a l'œil. 😅

"Machine", "Trop fort", "Sacré bonhomme" ... Ce ne sont pas vraiment les mots que je dirais pour me définir. J'ai juste l'impression d'avoir fait quelque chose qui me donnait vraiment envie et surtout qui me faisait vibrer. Rien d'exceptionnel en soi. Pour moi c'est presque normal. Certains me disent que ça les a fait rêver, d'autres me disent que ça les inspire ou encore qu'ils vont s'essayer à faire des choses dans le genre et surtout à vivre des aventures dans leur vie. Et pour de vrai, ça me touche énormément. Je n'étais vraiment pas prêt une seule seconde à recevoir ce genre de message. Comme si il y avait un deuxième Quentin Ruffier au Cap Nord.

Je vais m'allonger. Je n'arrive pas vraiment à dormir. Le temps passe trop vite, j'en perds la notion. Je me lève à 00h pour voir le soleil. À cette heure ci, j'ai oublié qu'il fallait des lunettes !!! Je retourne dans ma tente. Je dors une poignée d'heures. 😴

Je me fais inviter au petit-déjeuner par des retraités allemand. Improbable. J'accepte. J'y resterai 1h30 à discuter avec eux. Je redescends du Cap Nord pour prendre le bus jusqu'à Alta. Flemme de faire la même route qu'à l'aller. Je m'arrête manger dans une station-service et là, quelqu'un toc aux carreaux derrière moi. C'est Jean Luc, Thierry et Martin. Que j'ai rencontrés, il y a 4,5 j. Ils ont reconnu mon vélo en arrivant. On discute. Je me cale sur leur plan, à savoir le ferry jusqu'à Tromso. Départ à 6h demain pour les Lofoten. La bonne nouvelle, c'est que je vous emmène avec moi !! L'aventure continue. 👍


Ces dernières 24h sont folles. J'en ai profité au maximum, du maximum. Soyez-en sûrs. J'ai des souvenirs à vie. C'est dingue.
De Champagny jusqu'au Cap Nord. Comme quoi des rêves ça peut mener loin ! Rien que d'écrire ce post me donne des frissons. Alors faites le aussi, rêvez, vivez et aventurez vous. 🔑


Merci encore à tous, même avec les fraîches températures, j'ai le cœur chaud et pour quelque temps ! 💚

J'ai donc réussi à aller au Cap Nord au solstice d'été ! Mais cela ne représente que 50% de mon projet : Il me faut y retourner au mois de décembre, lorsque les températures sont négatives, les routes gelées. 


Lire mon récit hivernal ici : Le Cap Nord en hiver
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